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du vendredi 19 novembre 20211511

Assises de la forêt et du bois : ce que propose Canopée-Forêts Vivantes

Vers un désert boisé ?

D’octobre 2021 à janvier 2022, se tiennent les Assises de la Forêt et du bois organisées par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Ces assises sont ouvertes à tous et toutes. Elles se déroulent en visio-conférences.

Pour rappel, en octobre 2019, se tenaient les Assises de la Forêt organisées par SOS Forêt sur le thème "Forêts vivantes ou déserts boisés". Retrouvez les actes de ces journées et nos propositions législatives.

L’association Canopée-Forêts Vivantes participe à ces visio-conférences et propose un décryptage des enjeux et des attentes en cinq points.

Augmenter le puits de carbone forestier plutôt que la récolte de bois

Les forêts françaises sont jeunes : 79% des arbres ont moins de 100 ans. Elles sont donc encore en pleine phase de croissance et d’absorption de carbone. Augmenter massivement la récolte de bois, notamment pour des usages énergétiques, diminue ce puits de carbone comme l’ont constaté le Haut Conseil pour le Climat et plus de 700 scientifiques dans une lettre ouverte.

Les changements climatiques ne doivent pas servir d’alibi à une industrialisation de la gestion forestière.

Les forêts souffrent sous les premiers effets des changements climatiques, mais les stratégies à adopter face à cela divergent. Nous contestons l’instrumentalisation qui est faite des changements climatiques pour promouvoir un agenda de transformation des forêts existantes par des coupes rases suivies de plantations. Cette transformation, soutenue par le plan de relance, répond davantage à une logique d’adaptation à la demande des industriels qui préfèrent transformer des bois issus de résineux plutôt que de feuillus.

S’appuyer sur la biodiversité pour des forêts vivantes

Si la situation est moins préoccupante que dans l’agriculture, la biodiversité des forêts françaises est relativement pauvre. Seules 18% des forêts d’intérêt communautaire sont dans un état de conservation favorable alors que la France s’était engagée à mettre fin à l’érosion de la biodiversité en 2010. Comme le propose la stratégie européenne pour les forêts, restaurer la qualité des écosystèmes forestiers en s’appuyant par exemple sur la foresterie à couvert continue est une stratégie gagnante-gagnante pour la biodiversité et l’adaptation aux changements climatiques. C’est une question centrale qui divise aujourd’hui au sein du gouvernement, avec une farouche opposition du Ministre de l’Agriculture à cette stratégie.

Renforcer la transformation locale de bois et mettre fin aux dérives du bois énergie

Les exportations croissantes de grumes de chêne vers la Chine, la très forte dépendance à l’importation de bois d’Europe du Nord ou encore la pénurie de panneaux de bois pour la construction sont révélatrices d’une absence de stratégie industrielle cohérente. Le secteur de la scierie est de plus en plus concentré, en particulier pour les résineux. De nombreuses petites et moyennes scieries disparaissent. De plus, comme le constate le rapport de la Cour des Comptes, alors que le volume de bois scié stagne depuis 1980, le volume de bois récolté pour le bois énergie augmente fortement pour répondre aux besoins de nouvelles infrastructures énergétiques. Conséquence : une augmentation des coupes rases partout en Europe.

Vers un nouveau contrat social pour la forêt

Au lendemain d’un week-end de mobilisations citoyennes, l’urgence climatique et la nécessité d’enrayer l’érosion de la biodiversité doivent conduire à repenser en profondeur les politiques forestières et le dialogue avec la société. Les règles encadrant la gestion forestière, en particulier en forêt privée, doivent être discutées et débattues de façon transparente et scientifiquement contradictoire, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La fiscalité forestière doit évoluer comme nous le proposons dans le cadre du débat sur la loi de finances pour mettre fin aux soutiens nuisibles à la biodiversité et au climat et, au contraire, soutenir les pratiques vertueuses. Enfin, le service public forestier doit être renforcé, en particulier le rôle de l’Office National des Forêts, où il n’est plus acceptable de supprimer des effectifs.